Histoire du Château de Himeji

Sous l’enveloppe extérieure : La structure du Château de Himeji

Sous l’enveloppe extérieure : La structure du Château de Himeji

Cette maquette réalisée à l’échelle 1:20 représente la charpente en bois du donjon principal du Château de Himeji. Le donjon est soutenu par un treillis de poteaux et de poutres plutôt que par des murs extérieurs épais, avec les deux piliers au centre de la structure portant la charge la plus lourde.
La maquette a été conçue pour servir de modèle aux travailleurs en charge d’une rénovation majeure du château entre 1956 et 1964, lorsque le donjon entier fut démonté, réparé et remonté. Ce projet requérait une compréhension précise de chaque aspect de l’architecture historique du Château de Himeji, en commençant par les méthodes utilisées pour la construction initiale du château. Les parties abîmées de la structure du château ont été remplacées ou renforcées afin de préserver le bâtiment pour les générations futures.

Le château et la ville

Le château et la ville

Les fortifications originales du Château de Himeji s’étendaient au-delà des terres principales du château et incluaient plusieurs alentours protégés par des douves et des talus de terre. Ce site entier fut souvent désigné collectivement sous le nom de Château de Himeji. Les résidents étaient logés en fonction de leur position sociale : les samouraïs de haut rang habitaient plus près du centre, et les commerçants et les artisans résidaient au-delà de la douve du milieu.
Hors des fortifications du château se trouvaient plusieurs villages antérieurs au château. De nouvelles communautés et quartiers furent établis après la construction du château car la ville en expansion attirait plus d’habitants. Certains de ces nouveaux quartiers ont été baptisés d’après le métier de ses habitants, par exemple Zaimoku-machi (quartier du bois) et Takajō-machi (quartier des fauconniers).
Cette maquette est basée sur un plan détaillé créé durant le règne du clan Sakai sur Himeji entre 1749 et 1868. Les limites de la propriété indiquées sur la maquette correspondent à celles du plan, mais les bâtiments et la végétation sont la conception de l’artiste.

Longue galerie de l’enceinte ouest

Longue galerie de l’enceinte ouest

Les châteaux construits pendant l’époque d’Edo (1603–1867) comprenaient généralement au moins une longue enfilade de pièces fortifiées appelée tamon yagura, avec des tours de guet à chaque extrémité. Ces galeries faisaient office de structures de défense, de logements ou d’entrepôts, selon les besoins. Si nécessaire, les pièces pouvaient être démontées et réaménagées dans une autre partie du château.
La galerie du Château de Himeji a une longueur d’environ 240 mètres. Au début du dix-septième siècle, lorsque Honda Tadatoki (1596–1626) et la Princesse Sen (1597–1666) résidaient dans des logements somptueux de l’enceinte ouest, la section nord et ses tours servaient d’appartements pour les servantes et les dames d’honneur.

  • Hyakken roka (Longue galerie de l’enceinte ouest)

    Hyakken roka (Longue galerie de l’enceinte ouest)

Les seigneurs du Château de Himeji

Le Château de Himeji passa successivement entre les mains de divers clans de samouraïs au cours des guerres civiles du seizième siècle et de la longue période de paix de l’époque d’Edo (1603–1867).

Kuroda Kanbei et Toyotomi Hideyoshi

Le document le plus ancien existant qui fait référence à l’existence d’une forteresse à Himeji date de 1561, et fut trouvé dans les archives du temple bouddhiste Shōmyōji. La forteresse était contrôlée par le clan Kuroda, une famille de samouraïs active pendant les guerres civiles du seizième siècle. Kuroda Kanbei, un des dirigeants du clan Kuroda (1546–1604), fut le lieutenant de Toyotomi Hideyoshi (1537–1598), le seigneur de guerre qui domina la plus grande partie du Japon à la fin du seizième siècle.

Hideyoshi fit de Himeji sa base d’opérations au fur à mesure qu’il renforçait sa mainmise sur l’extrémité ouest de Honshū. Il construisit un donjon de trois étages entouré de murs de pierre et créa un marché pour favoriser le développement dans les villages environnants. Lorsque plus tard Hideyoshi transféra sa base au Château d’Osaka, il nomma de proches collaborateurs pour contrôler Himeji : son demi-frère Hidenaga (1540–1591), suivi de son beau-frère Kinoshita Iesada (1543–1608).

La bataille de Sekigahara et le shogunat Tokugawa

La mort de Hideyoshi en 1598 déboucha sur une reprise du conflit. Lors de la bataille de Sekigahara en 1600, les éventuels successeurs de Hideyoshi luttèrent pour obtenir le contrôle du Japon. La victoire fut remportée par Tokugawa Ieyasu (1543–1616), fondateur du shogunat qui régnera sur le pays durant les deux prochains siècles et demi.
Ieyasu céda le Château de Himeji et la province voisine de Harima à son gendre Ikeda Terumasa (1565–1613). Terumasa ordonna immédiatement une rénovation majeure du château et fit construire des douves et des talus de terre autour de la ville avoisinante. Son clan domina aussi les provinces proches de Bizen et Awaji, faisant du clan Ikeda la force la plus puissante du Japon occidental.

Durant le shogunat Tokugawa (1603–1868), les seigneurs locaux passaient souvent d’une province à une autre. Quatre ans après la mort de Terumasa en 1613, le clan Ikeda fut chassé de Himeji. Par la suite, le château passa successivement entre les mains de plusieurs familles ayant des liens étroits avec le shogunat : les clans Honda, Matsudaira, Sakakibara et Sakai. Himeji changea plus fréquemment de seigneur que la plupart des domaines. Dans d’autres régions du Japon, les enfants héritiers pouvaient devenir des seigneurs de province, mais l’importance militaire de Himeji signifiait que ce fief ne pouvait être laissé entre les mains d’un enfant. Lorsqu’un seigneur décédait sans laisser d’héritier adulte, son clan était immédiatement transféré ailleurs.

Himeji à l’époque moderne

Himeji à l’époque moderne

(Avec l’aimable autorisation de Tsuyama Kuniyasu)

Base de l’armée impériale

Le Japon abolit ses domaines en 1871, et les remplaça par le système moderne des préfectures. Himeji devint le siège administratif de la préfecture Shikama (qui fait aujourd’hui partie de Hyōgo), et les quartiers résidentiels de la troisième enceinte du château furent convertis en bureaux gouvernementaux. Grâce à l’introduction d’une conscription obligatoire en 1873, le château devint une base militaire pour le 10ème régiment de l’armée impériale. L’esplanade devant la porte principale—où se trouvaient autrefois les maisons des guerriers samouraïs—fut transformée en terrain de parade, et une caserne et d’autres installations furent construites à l’intérieur du site. D’autres installations furent ajoutées au château et à la ville environnante en 1898 pour accueillir des unités de l’armée supplémentaires. L’ère du shogunat et des samouraïs est révolue, mais Himeji demeura un centre militaire important.

Nouvelles menaces et efforts de conservation

La fin du féodalisme créa des défis pour le château. Les bâtiments historiques ont été laissés à l’abandon et les travaux de réparation effectués par les militaires furent entravés par un manque de financement. Enfin, dans les années 1930, le gouvernement approuva une restauration majeure. La Deuxième guerre mondiale interrompit rapidement le projet et fit planer de nouvelles menaces. Les raids de bombardement américains détruisirent la ville de Himeji en 1945, mais le château survécut pratiquement indemne. Les travaux de rénovation du château reprirent en 1950 avec la reconstruction de la ville et furent terminés en 1964. Dans le cadre du projet, le donjon fut complètement démonté, réparé et remonté.

Une tour de guet qui s'effrite

Durant le shogunat Tokugawa (1603–1868), les seigneurs de Himeji avaient la charge de l’entretien du château. Leur départ à la fin de l’ère féodale déboucha sur une période de négligence et de délabrement. Les bâtiments tels que cette tour de guet près du donjon, détériorée au point de s’effondrer, suscitèrent les premiers efforts de restauration durant l’ère Meiji (1868–1912).

Terrain de parade Jōnan

Une esplanade devant la porte principale du château, jadis lieu de résidence des guerriers samouraïs, fut dégagée pour aménager un terrain de parade pour l’armée impériale.

Une tour de guet qui s'effrite

Raids aériens de la Deuxième guerre mondiale

La ville de Himeji fut lourdement endommagée par les raids aériens en 1945, mais le château survécut avec peu de dommages. Selon l’histoire locale, une bombe incendiaire égarée tomba sur le château sans exploser.

Les shachi sont retirés du donjon

Les shachi, ces créatures mythiques qui s’apparentent à des poissons et ornent les toits des châteaux japonais, selon la croyance, protégeaient les demeures contre les incendies et autres menaces.
Les shachi du Château de Himeji ont été retirés et remplacés lorsque le donjon a été démonté pour des réparations dans les années 1950.

Les shachi sont retirés du donjon

Le château recouvert de camouflage

Le donjon fut recouvert d’un camouflage pour le protéger des raids aériens américains.

Remplacement d’un pilier abîmé

Ce ne fut pas une tâche aisée de se procurer le bois de charpente massif nécessaire à la réparation du château. Un tronc d’arbre censé remplacer l’un des principaux piliers du donjon, se brisa au cours de son transport depuis les montagnes Kiso dans les Alpes japonaises.

Les défenses du Château de Himeji

Les défenses de Himeji

  • Tour Shio yagura

    Tour Shio yagura

  • Percées pour les lancements de pierre

    Percées pour les lancements de pierre

Une forteresse militaire

Himeji occupait un emplacement stratégique le long du corridor entre Kansaï, particulièrement, les villes majeures d’Osaka et Kyoto, et le reste du Japon occidental.
Lorsque Ikeda Terumasa (1565–1613) reprit le contrôle du château, il développa et rénova ses défenses. Entre 1601 et 1609, Terumasa fortifia la ville avoisinante avec des douves et des talus de terre et construisit un nouveau donjon, plus imposant dont les murs recouverts de plâtre blanc lui donnèrent le nom de « Château du Héron Blanc ».
Terumasa dota le nouveau Château de Himeji de trois couches de défense : la ville extérieure, une zone périphérique de quartiers occupés par les samouraïs, et une zone centrale où se trouve le château.

Le château et la ville : Fortifications de Himeji

Défenses contre le siège

Des entrepôts dans le « uchi-kuruwa », la zone centrale de défense de la ville du château, contenaient des provisions, du charbon et des combustibles, et servaient aussi de caserne pour les samouraïs durant un siège. Les armes et les munitions étaient entreposées dans le donjon principal et ses trois tours auxiliaires.

Murs blancs : Une protection stylée contre l’incendie

Le feu était un danger permanent pour les châteaux japonais, qui étaient conçus principalement en bois. Le plâtre blanc à base de chaux qui recouvre les murs de Himeji n’est pas seulement résistant aux feu, mais aussi très esthétique : le château majestueux était l’emblème de l’autorité du shogunat, et sa conception signalait l’arrivée d’une nouvelle ère.

Portes

L’entrée au château se faisait par une série de portes lourdement fortifiées. Encastrées dans les terrassements sur les rives intérieures des douves, ces portes sont protégées par des murs en pierre, des passerelles à pic et des tours de guet.

  • Porte Hishi (châtaigne d’eau)

    Porte Hishi (châtaigne d’eau)

  • Porte Ha no mon

    Porte Ha no mon

Tours de guet de l’enceinte ouest

L’enceinte ouest fut développée par Honda Tadamasa (1575–1631). Il ceintura la zone avec des murs de terre et des tours de guet et fit enduire les nouvelles structures avec le même plâtre blanc résistant au feu utilisé dans d’autres parties du château. L’épaisseur des murs fut renforcée pour résister aux armes à feu. Une longue galerie reliait les tours, et des meurtrières et percées furent ajoutées pour lancer des pierres et permettre aux artilleurs de faire feu et aux archers de lancer des flèches tout en étant protégés.

Artisanat dans le château

Artisanat dans le château

Le Château de Himeji, tel qu’il existe aujourd’hui, fut construit par Ikeda Terumasa (1565–1613). Lors d’une rénovation majeure entre 1601 et 1609, il fit remplacer, réparer et développer les fortifications existantes sur le site. Depuis, le château de Ikeda survécut à de nombreuses crises, y compris la fin du féodalisme au dix-neuvième siècle et durant les raids aériens pendant la Deuxième guerre mondiale. Une grande partie de ses structures en bois, y compris le donjon principal et les trois donjons auxiliaires, demeurent principalement inchangés depuis leur construction il y a plus de quatre siècles.
Pour assurer l’avenir du château, la ville de Himeji s’efforce de former des artisans en promouvant le développement et la transmission des techniques traditionnelles de construction requises pour la conservation du château du Héron blanc pour les générations futures.

  • Galerie Ro no watari yagura (la galerie reliant les donjons)

    Galerie Ro no watari yagura (la galerie reliant les donjons)

Charpentes en bois

Le donjon et les autres bâtiments du Château de Himeji sont des bâtiments à ossature de bois. Les charpentiers utilisèrent des techniques d’assemblage développées au cours des siècles pour construire la structure complexe de poteaux et de poutres qui soutiennent l’imposant donjon principal.

Murs en pierre

Les bâtiments du château japonais sont construits en bois, mais reposent sur des fondations de terre et de pierre. Les murs de soutènement en pierre, tels que ceux de Himeji furent bâtis pour la première fois au seizième siècle à l’initiative du seigneur de guerre Oda Nobunaga (1534–1582) et devinrent bientôt un trait essentiel des châteaux dans tout le Japon.

Plâtre

Obtenu à partir de matériaux naturels, le plâtre sur les murs du Château de Himeji offre un degré de résistance au feu ainsi qu’à l’humidité. Le plâtre est bien adapté aux fortes variations de température et d’humidité saisonnières au Japon.

Plâtre

Tuiles pour la toiture

Les bâtisseurs de châteaux japonais nécessitaient de grandes quantités de tuiles en céramique de haute qualité. La céramique était la meilleure option mais aussi la plus coûteuse pendant l’époque d’Edo (1603–1867). De nombreuses techniques de toiture traditionnelles, allant de la fabrication de tuiles à la toiture, sont encore utilisées aujourd’hui au Japon.

Toit du donjon principal

Les shachi, créatures mythiques s’apparentant à des poissons, ornaient les toits des châteaux japonais et selon la croyance protégeaient contre le feu. Les shachi sont généralement disposés les uns en face des autres par paires mâle–femelle, le mâle placé du côté nord ou est, et la femelle sur le côté sud ou ouest.

Artisanat du château : Charpente en bois

Artisanat du château : Charpente en bois 1

Artisanat du château : Charpente en bois 2

Le donjon principal du Château de Himeji comprend sept étages—six étages au-dessus du sol, plus un sous-sol dans les fondations en pierre—supporté par deux grands piliers qui traversent le centre du bâtiment. Chaque pilier a une hauteur de 24,5 mètres et un diamètre de près d’un mètre. Ces piliers s’étendent du soubassement au cinquième étage. Les piliers sont entourés d’un treillis de poteaux et de poutres de soutien. La charpente s’élève en forme de cube régulier jusqu’au deuxième étage ; puis, les étages suivants sont progressivement de taille plus petite.
Une structure importante telle que celle du donjon de Himeji, nécessite des poteaux et des poutres plus longs qui doivent être créés en assemblant des longueurs de bois. Les techniques complexes d’assemblage requises pour créer ces éléments, et s’assurer qu’ils sont suffisamment solides pour soutenir un château, furent développées au cours des siècles et sont toujours utilisées aujourd’hui pour de nombreux bâtiments en bois traditionnels du Japon.

Piliers est et ouest : Trouvez la différence

Imaginez le donjon sous la forme quatre blocs empilés. Le plus grand bloc va du sous-sol au premier étage et est essentiellement une seule structure en forme de cube. Du deuxième au cinquième étage, des blocs plus petits sont empilés les uns sur les autres. Pour maintenir la structure stable, les bâtisseurs ont mis en place des poutres à chaque niveau du pilier ouest, l’un des deux supports centraux du donjon. Afin de supporter uniformément le poids de la structure du château, le pilier ouest fut conçu à partir de deux troncs d’arbre d’un diamètre d’un mètre, placés l’un au-dessus de l’autre, au niveau du deuxième étage. Le tronc d’un seul arbre constitue le pilier est.

Apparence et Impression

Initiez-vous à la menuiserie japonaise traditionnelle.
Des techniques de menuiserie telles que celles pratiquées pour l’assemblage de ces blocs furent utilisées pour le pilier ouest et dans d’autres parties du château.

Apparence et Impression

Artisanat du château : Plâtre

Artisanat du château : Plâtre

Les bâtisseurs japonais utilisèrent le plâtre comme matériau de finition pendant des siècles. En dehors de l’aspect esthétique, le plâtre possède bien des avantages : il protège les structures en bois contre le feu et offre une étanchéité contre la pourriture humide, les deux ennemis principaux des bâtiments traditionnels japonais.
Le travail du plâtre au Château de Himeji est plus important que dans d’autres châteaux japonais. Les murs sont enduits des deux côtés (contrairement à de nombreux châteaux dont les murs sont uniquement enduits à l’extérieur). Du plâtre fut aussi appliqué sur les murs périphériques en terre ainsi que sur les joints entre les tuiles de la toiture. L’imposante silhouette blanche du Château de Himeji lui a valu le nom de « Château du Héron Blanc ».
La composition du plâtre utilisé au Château de Himeji varie en fonction de la période spécifique et du lieu d’application, mais la recette typique était de mélanger deux sortes de chaux, l’une à base de pierres et l’autre à base de coquillages. À ce mélange s’ajoutaient du susa, un mélange des fibres de chanvre et une pâte à base d’algues bouillies, additionnées d’eau.

À l’intérieur des murs

Le plâtre constitue la dernière des nombreuses couches appliquées sur les murs du château. Les murs sont d’abord érigés avec une structure de bambou en forme de treillis appelée komai. Puis ils sont enduits de boue sur la structure pour former le mur. Dans le cas du Château de Himeji, quatre couches de boue furent appliquées. Une fois la boue séchée, les artisans recouvraient la boue de deux couches de plâtre, chacune à base de matériaux légèrement différents.
Les murs du donjon sont plus minces que ceux des étages inférieurs. Les murs ont une épaisseur de 45 centimètres au rez-de-chaussée et au premier étage. Leur épaisseur se réduit à 41 centimètres au deuxième et au troisième étages, pour atteindre environ 30 centimètres au quatrième et au cinquième étages.
La boue séchée compose en majeure partie l’épaisseur des murs. Le plâtre représente une couche relativement fine d’environ 30 millimètres d’épaisseur à l’extérieur du donjon et d’environ 2 ou 3 millimètres d’épaisseur à l’intérieur.

Ressentir la matière

Le plâtre sur les murs et les joints du toit du Château de Himeji est constitué d’un mélange de chaux à base de roche et de coquillages, de poudre de chanvre et d’amidon d’algues. Du sable était parfois ajouté.

Artisanat du château : Murs en pierre

Artisanat du château : Murs en pierre

Des murs en grosses pierres devinrent une caractéristique commune des châteaux japonais suite à l’apparition des armes à feu en provenance de l’Europe en 1543. Auparavant, la plupart des châteaux étaient fortifiés uniquement avec des talus de terre et des douves. Les fusils changèrent la façon de se battre et de mener un siège pendant l’époque Sengoku, ou la période des Royaumes combattants (1467–1568), et des généraux tels que Oda Nobunaga (1534–1582) et Toyotomi Hideyoshi (1537–1598) firent renforcer les châteaux ou construire des murs en pierre le long de leur périmètre. Des changements se sont poursuivis pendant l’époque d’Edo (1603–1867) sous la domination des shoguns Tokugawa, alors que les bâtisseurs de châteaux développaient de nouvelles techniques de construction de murs en pierre, dans tout le Japon.
Les bâtisseurs du Château de Himeji utilisèrent des techniques de maçonnerie évoluées pendant les périodes majeures de la construction du château à la fin du seizième siècle et au début du dix-septième siècle. La méthode la plus basique consistait simplement à placer des pierres non traitées les unes sur les autres. Une approche plus sophistiquée, appelée uchikomi-hagi, consistait à façonner grossièrement les pierres et à les mettre en place en les martelant. Les murs les plus raffinés étaient obtenus avec la technique kirikomi-hagi : les maçons découpaient les pierres de manière nette et précise pour créer un mur lisse avec des jointures aux faibles interstices.
Les trois types basiques de murs en pierre sont obtenus en utilisant des techniques différentes de façonnage et d’empilement. On peut les distinguer par l’aspect lisse de leurs surfaces.

Nozura-zumi (Mur de pierres empilées)

Ces murs datent de l’époque de Toyotomi Hideyoshi (1537–1598). Les pierres sont essentiellement sédimentaires et de roche ignée, et leurs tailles varient considérablement. En raison du manque de matériaux, les bâtisseurs ont parfois improvisé en réutilisant des éléments en pierre taillée tels que des pierres de meulage et des pierres tombales. Les murs nozura-zumi présentent une courbe douce et linéaire.

Nozura-zumi (Mur de pierres empilées)

Uchikomi-hagi (Mur de pierres encastrées)

Ces murs furent bâtis par le seigneur Ikeda Terumasa (1565–1613), qui agrandit et rénova le château au début du dix-septième siècle. Les murs sont légèrement courbés vers le haut en forme d’éventail. Le façonnage et le positionnement des pierres demeurent quelque peu grossiers, mais les murs sont renforcés dans les angles par des pierres découpées de manière plus précise et empilées en alternance comme les briques, selon une technique appelée sangi-zumi.

Kirikomi-hagi (Mur de pierres découpées)

Ce type de mur en pierre se trouve dans la résidence Musashino Goten construite par Honda Tadamasa (1575–1631). Il s’agit des murs en pierre les plus récents au Château de Himeji. Les bâtisseurs utilisaient des burins pour découper les pierres en blocs de forme précise, puis les empilaient sans laisser d’interstice.

Ressentir la matière

Initiez-vous à la maçonnerie
Empilez les blocs de bois pour former l’angle sangi-zumi d’un mur du Château de Himeji.

Artisanat du château : Tuiles

Artisanat du château : Tuiles

Les tuiles hautement durables du Château de Himeji étaient cuites dans un four à 1 150 degrés Celsius pendant deux à trois heures. La cuisson des tuiles à cette température intense les rend plus durables que les tuiles cuites à des températures plus basses. Du clan Ikeda au clan Sakai, les familles qui se sont succédé pour régner sur Himeji pendant plus de deux siècles et demi pendant l’époque d’Edo (1603–1867) ont littéralement laissé leurs empreintes dans le château. Les emblèmes sur les tuiles du donjon—un papillon tigré et une fleur de paulownia appartiennent au clan Ikeda, les premiers seigneurs du château durant le shogunat Tokugawa. Les bords arrondis des tuiles sont aussi estampillés avec les emblèmes de clan des seigneurs du château.

Types de tuiles
1 Shachi
Cet animal imaginaire a la tête d’un tigre et le corps d’un poisson. Généralement disposés par paires, les shachi selon la croyance protégeaient les bâtiments contre le feu. Onze shachi ornent le donjon principal du Château de Himeji, y compris les deux grandes figures sur la crête du toit supérieur.
2 Tuiles de faîtage
Le faîtage est composé de tuiles de quatre formes différentes, empilées pour former une ligne esthétique et aussi pour dévier l’eau de pluie des jonctions de toit vulnérables.

Types de tuiles

  • 3 Tuile plate
  • 4 Tuile concave
  • 5 Tuile d’égout à l’extrémité arrondie
  • 6 Tuile de drainage
  • 7 Tuile inclinée vers le haut pour les extrémités des tuiles de faîtage
  • 8 « Tuile démon » (oni-gawara)
  • 9 Tuile d’angle

Les tuiles oni-gawara (« tuiles démon ») sont des tuiles décoratives qui ornent l’extrémité du faîtage. Elles représentent généralement des monstres mythiques, mais les oni-gawara du Château de Himeji comprennent toute une variété de dessins et motifs, incluant les emblèmes du clan des seigneurs du château, pêches, maillets, vagues, feuilles de ginkgo, et même une croix.

Ressentir la matière

Faire une reproduction de l’emblème d’un clan
Pour faire une copie des emblèmes des clans Sakai et Honda, placez une feuille de papier sur la tuile et frottez avec un crayon. Repartez avec votre copie comme souvenir.

La Princesse Sen : Paix et bonheur à Himeji

La Princesse Sen : Paix et bonheur à Himeji

La Princesse et le capitaine de navire

Après la chute du Château d’Osaka et la mort de son premier époux, la Princesse Sen (1597–1666) retourna brièvement à Edo (Tokyo), la capitale du shogunat Tokugawa (1603–1868). Elle fit une partie du voyage en bateau, dans un convoi commandé par un jeune et beau capitaine du nom de Honda Tadatoki (1596–1626). On raconte que ce fut au cours de ce voyage qu’elle rencontra pour la première fois l’homme qui allait devenir son deuxième époux.
La vie sentimentale de la Princesse Sen a été très édulcorée. Voici une autre anecdote : le samouraï qui l’a sauva lors de la défaite du Château d’Osaka, Sakazaki Naomori (?–1616), reçut sa main en mariage comme récompense, mais, selon les dires, la Princesse Sen le rejeta à cause de son visage défiguré par des brûlures lors du sauvetage. Humilié, Sakazaki décida d’enlever la princesse le jour de son mariage avec Tadatoki, mais son complot fut découvert par le shogunat, qui envoya des soldats pour encercler son domaine. Sakazaki mourut, soit en se suicidant, soit à la suite d’une trahison de ses propres hommes, selon la version de ce récit (probablement fictif).

Mariage et maternité

À tous les points de vue, la Princesse Sen et Tadatoki formaient un couple heureux. La Princesse Sen donna rapidement naissance à deux enfants : une fille, Katsu (1618–1678) et un fils, Kōchiyo (1619–1621).

Un poème célébrant la naissance de Kōchiyo en 1619 fait allusion à la Princesse Sen et à Tadatoki, en employant des termes nautiques, et clame la joie du clan Honda d’avoir un héritier. Pour la Princesse Sen, ces années passées au Château de Himeji furent une période heureuse de sa vie marquée par le malheur.

Lieux de vie des femmes dans la galerie de l’enceinte ouest

Un monde à part

Les servantes et les dames d’honneur étaient au service du seigneur du château et de sa famille. Leurs appartements se trouvaient dans la galerie de l’enceinte ouest, qui était reliée aux bâtiments résidentiels internes du château. Des aménagements similaires furent aussi pratiqués dans le château du shogun et le palais de l’empereur. La galerie du Château de Himeji consistait en une enfilade de pièces partagées qui s’ouvraient sur un long couloir. Chaque pièce était assez vaste pour pouvoir disposer huit tatamis (environ 13 mètres carrés). C’est là que résidaient la plupart des femmes du château. La Princesse Sen (1597–1666) avait à son service vingt-trois dames d’honneur et seize servantes de rang inférieur. Trois autres dames d’honneur prenaient soin de la fille de Sen, Katsu (1618–1678).

La galerie des appartements plus tard

La fonction de la galerie changeait au fil du temps, en fonction des besoins et des ressources des seigneurs du château. Une illustration réalisée environ 80 ans après le départ de la Princesse Sen du Château de Himeji, représente plusieurs endroits le long du couloir qui portent les mots « riz cuit séché », ce qui suggère que les pièces étaient utilisées comme lieu de stockage pour des provisions d’urgence plutôt que comme logements.